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 La Malédiction du loup

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jossc
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jossc


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Date d'inscription : 09/01/2008

La Malédiction du loup Empty
MessageSujet: La Malédiction du loup   La Malédiction du loup Icon_minitimeMer 30 Jan - 14:24

Des histoires de loups-garous, de garous, de galous, de lérous, on en conte dans toutes les campagnes .
Mais les galoups du Poitou sont bien plus terrible : car les ombres sont bien plus fantastiques encore lorsqu'elles sortent d'un marais .

Il y a les arbres qui déforment les ajoncs qui se tassent et l'ombre qui luit .
Une ombre sur la lune fait courir de fugitives silhouettes dans les recoins ténébreux d'où sortent les feux follets .

Et voilà que là justement, dans ce marais poitevin, alors que la vie est déjà fiévreuse et dure ... Un hurlement vient déchirer la nuit : c'est un loup-garou .

Qu'est-ce que c'est qu'un Loup-garou ? ça dépend, ça peut être l'âme d'un mort qui cherche la sépulture qu'on lui a refusé .
C'est aussi l'enfant maudit d'un prêtre .
Ou un diable loup ou un méchant homme forcé à courir les nuits, mi humain mi-bête, pendant sept ans .
Ou un brigand, un rusé malin d'assassin qui se cache sous la peau d'un loup pour effrayer le monde .
C'est parfois un farceur, c'est souvent un sorcier .... ou un monstre anthropophage qui ne peut s'empêcher de tuer le bétail et de mordre les femmes et le enfants ...
C'est aussi parfois un "innocent" : un des ces benêts qu'un village rejette car il est contrefait .
Alors il se cache et vit comme un sauvage ; volant de-ci de-là, chapardant, assaillant une fille, un voyageur seul pour lui prendre peu de chose .
On ne sait pas trop, on cherche à savoir .
On sait que c'est un méchant, qu'il faut le craindre et ne pas trainer le soir tombé sur les chemins.
On dit qu'il es fréquent de trouver leurs peaux cachées dans le tronc des saules creux .
Il suffit alors de la bruler pour voir accourir du village un tel voisin,qu'on aurait pas cru capable d'être loup-garou, arriver en hurlant, la peau couverte de brulures et les vêtements fumaillants .
En tout cas, ce ne sont pas des raconteries .
D'ailleurs, le curé d'à côté a dû encore intervenir dans une histoire semblable il n'y a pas si longtemps !

Bref, voilà donc que dans ce marais-ci s'en vient une pareille bête .
Elle vole poules et poulets .
Elle a, parait-il, bousculé la Mathilde et si le fermier n'était pas point intervenu, p'têtre bien qu'elle serait passée .
La Mathilde elle a pas eu le temps de bien voir : elle s'est sentie serrée, c'est tout .
le noir vous savez ! Mais son sauveur a vu, lui, comme un grand loup noir qui s'ensauvait sur deux jambes .
C'est-y vrai ? On sait qu'ils penchent tout deux sur la bouteille .
Et puis un jour ça se précise : il y a le bedeau qui l'a vu courir dans l'aube, derrière l'église, près du cimetière .
Il n'a pas pu le voir longtemps ... mais il l'a vu .
Et puis il a encore emporté des lapins et des oeufs .
Faut dire que le temps est mauvais et qu'il doit avoir bien faim, tout animal qu'il soit, seul dans le marais .

On ne parle plus que de ça aux veillées . Du coup on ne se rend plus visite .
Ou pas longtemps et encore on emmène la fourche ou le fusil pour ceux qui en ont un .
On se tasse autour de la cheminée et le moindre hurlement fait dresser les cheveux sur la tête .

La porte de la grange qui grince ... le volet qui bat ... le frôlement d'une branche contre la vitre plongent le monde dans la terreur,
ça ne peut plus durer, on va faire une battue .
Toute la nuit avec torches et fanaux, en barques,
ils ont fouillé tout le fouillis des fourrés avec des faux retournées, le douze chargé au gros .
Penses-tu ! à croire que c'te démon-là pouvait se dématérialiser à sa convenance .

Alors le grand Dupré a décidé d' y aller seul .
Il a fait la guerre . Il a l'expérience du feu et surtout c'est un chasseur... un vrai, qui suit une piste et lit les traces.

Sec comme un coup de trique, les traits durs, taillé au courbé, le regard vif, il a la réputation d'un homme taiseux :
C'est un taciturne, un sombre .
S'il y a quelqu'un pour se mesurer au loup : c'est bien lui .

On murmure que dans ses campagnes là-bas, il a tué pas mal, et que rien il ne craint .
Sa femme tente de l'en dissuader : " Qui toue un loup, meurt à genoux . Qui tue un garou mène ses gars au trou .
"On le dit et ne te moque pas le dicton, ça vient de loin, et les anciens avaient le savoir .

"N'y va pas ! implore sa femme, pour moé et pour tes gars !"
Ses deux fils qui lui ressemblent . "même si tu le tues, tu n'en tireras rien de bon .
La malédiction du Loup-garou, c'est connu, elle te tuera ainsi que tes enfants . J' te le . Y vas pas grand, y va pas .
Mais il est décidé et on ne commande comme ça à la bise de ne pas souffler .
Il a fait couler le petit crucifix de familles en balles, bien lourdes et rondes ...
car c'est ainsi dit-on, avec une balle d'argent qu'on le tue le loup - dit-on .
Il prend son fusil et s'en va . Le curé le rattrape .
Il lui dit comme ça qu'il faut pas aller là-bas . que la bête, un jour s'en ira .
Qu'elle a jamais tué . Qu'elle a rien fait que voler . Que c'est peut-être un" innocent", un malheureux
qui se cachent ainsi, et que ...
" Non ! répond le chasseur, m'a déjà levé trois poules, on n'est pas riche ici .
J'va pas travailler pour nourrir une sorte de chien ".
Il s'est enfoncé dans le marais, le fusil au creux du bras, les guêtres de cuir foulant les herbes pâles .

Il est parti un jour . Une nuit .
Dans le silence attentif du village, les oreilles ont cru percevoir une détonation lointaine .

Il est revenu entre chien et loup, au crépuscule du lendemain .
Pâle et hagard, avec du sang sur la houppelande .
Il n'a pas répondu aux questions .
Il est resté muet, mais on a compris qu'il l'avait tué . Et puis il s'est couché pour ne plus se relever
Glacé et brûlant de fièvre, il a déliré .... puis il est mort .
Sa femme déjà s'était résignée quand il est parti, ainsi elle a appelé les voisines pour la toilette
et pour le veiller froidement ...
et elle a prié pour ses gars, on l'a enterré simplement : on n'était pas riche et la ferme devait tourner .
Alors l'aîné prend le bâton du père, ses guêtres, sa place à la table et continue le travail comme si de rien n'était .
Mais dans l'après midi, il ne se sent pas bien .
Tous en tournant ses brassées de fumier, il est pris de tournis : il a senti le mal le prendre .

"J'ai comme chaud et froid et j'ai une pesance dans les membres", se plaint-il à sa mère qui redoute le pire .
La malédiction, bien-sûr .
" J'y avais dit au père de ne pas aller au garou " .
Et le fils Dupré se met au lit pour trépasser, malgré les prières et les comptes grains du chapelet .
Lui aussi on le met en terre .
On soupire pour le cadet qui prend le bâton et les guêtres ... et la place maudite à la table .
La fièvre maléfique le glace aussi . Il défaille et s'alite . Le rebouteux n'y comprend rien .
On se signe et on attend .
Il mettra plusieurs jours pour mourir avec des hauts et des bas, des délires et des visions cauchemardesques .
La mère est maintenant seule .
Seule, elle ne peut subvenir aux taches de la ferme .
Elle vendra et ira se louer : c'est la misère ! Personne ne reprendra le bâton et la place du maître restera vide à jamais .
Elle repasse les costumes des défunts, et cire une dernière fois les guêtres qu'elle donnera à un plus pauvre qu'elle... Tiens ?
Qu'est-ce que c'est ? en enfilant sa main dans la botte pour passer la brosse, elle sent quelque chose qui pique .
Elle touche et regarda de plus près . Saint de dieu !
Un crochet de vipère ! Saint de Dieu, le père s'est fait mordre dans le marais sans le savoir : le serpent en piquant aà cassé son dard dans le cuir,
laissant du poison aux creux de la dent et les fils en les chaussant se sont empoisonnés !
Saint de Dieu !
Pas de malédiction . Le destin ! Le hasard § C'est donc bien un innocent qui gît maintenant avec sa piètre peau de loup, la-bas dans le maris .

Pas de malédiction ...Hum, qui sait allez savoir !
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